Né le 23 décembre 1919 à Rigaud, Félicien Charvin était un résistant actif aux côtés de Joseph Cabot et du Capitaine François. Il sera fusillé à l’âge de 24 ans dans le Col Saint Raphaël, non loin du hameau de Besseuges.
Né en 1872, Jean Bonnet était un agriculteur pugétois, il est le propriétaire de la ferme qui abritait le poste radio clandestin du Capitaine François. Suite à l’altercation entre les officiers Allemands et les résistants de la ferme, Jean Bonnet sera fusillé sur la route menant à la Penne à l’âge de 72 ans.
Né en Algérie, le 23 septembre 1921, il est parachuté depuis Alger et se fixe à Puget-Théniers avec le Capitaine François. Leur mission était d’établir des liaisons radios avec Alger, afin d’organiser les parachutages de matériels.
A l’aube du 3 mai 1944, Joseph Cabot et le Capitane François, qui avaient établi leur poste de radio dans la ferme inhabitée de Jean Bonnet, sont réveillés par un officier Allemand et deux soldats. Le Capitaine François réussi à abattre les deux soldats. Ceci, leur laissera le temps de s’enfuir. Malheureusement, dans la précipitation, Cabot laissa échapper une grenade qu’il venait de dégoupiller, et meurt à l’âge de 23 ans.
Discours de Mr Pierre Corporandy, Maire de Puget-Théniers :
» 3 MAI 1944 AU 3 MAI 2022
78 ans, nous séparent de cette journée tragique et pourtant au-delà des années passées le 3 mai 1944 nous apporte encore des enseignements à méditer.
Durant l’occupation, la région de Puget-Théniers était devenue une zone active de résistance et de parachutage. En avril 1944, les Allemands découvrent un important dépôt d’armes au plateau de Dina, s’en suivent des exécutions sommaires, des arrestations et de nombreuses destruction de fermes.
A l’aube du 3 mai 1944, les Allemands, qui devaient être renseignés sur l’existence d’un poste de radio émetteur dans le col Saint Raphaël, encerclent le village. Trois officiers allemands se présentent à la Gendarmerie et réclament un gendarme pour les accompagner.
Le gendarme MOQUET est désigné et les quatre hommes prennent la direction du col. Aux environs du Breuil, les Allemands font arrêter la voiture et demande à visiter une maison inhabitée. Ils y découvrent un dépôt de munitions et le poste de radio, ainsi que le groupe de résistants qui gardent le matériel. Un premier officier repart immédiatement chercher des renforts à Puget, pendant ce temps, ses deux camarades seront tués par Gabriel Mazier alias Capitaine François. Le groupe parviendra à se sauver, en emportant des grenades. Monsieur Joseph Cabot sera d’ailleurs mortellement touché par l’une d’entre elles et le capitaine François blessé.
Les renforts arrivés sur place ramènent les cadavres des deux officiers à la gendarmerie de Puget.
Les Allemands, fous de rage, décident de venger la mort de leurs officiers.
Les représailles s’organisent, vers 8h30, l’un des chefs de la gestapo décide que tous les hommes du village doivent être réunis sur la place et que les femmes, les enfants, les vieillards doivent rester enfermés dans les maisons.
Les hommes rassemblés sur la place, les allemands commencent le tri, des fouilles à corps sont effectuées.
Soixante jeunes, de 17 à 30 ans, sont embarqués dans deux cars réquisitionnés.
Huit jeunes restent sur la place. Le lieutenant de Gendarmerie Percherancier demande à l’officier allemand quel sort leur sera réservé, un membre de la gestapo lui répondra « Ils vont être fusillés, ce sont des terroristes ».
Malgré son intervention le lieutenant de gendarmerie ne convainc pas les Allemands.
Les jeunes sont alignés contre la barrière de la voie ferrée, face à eux le peloton d’exécution se prépare à sa sinistre besogne.
C’est alors que l’Adjudant Remond, alsacien de naissance et en poste à Puget depuis seulement deux mois, interpelle l’officier « Halt » et en allemand demande à l’officier de surseoir à l’exécution invoquant le fait que rien ne prouvait qu’il s’agisse de terroristes.
Le ton monte entre les deux hommes, l’adjudant Remond ne fléchit pas, au contraire il ajoute en allemand « Vous avez le pouvoir de tuer, mais pas le droit » et que ceci constituerait une honte pour le genre humain et pour l’armée allemande.
Désarmé par l’officier, l’Adjudant Remond est arrêté et embarqué lui aussi à bord d’un car en direction de Nice.
Par cet acte de bravoure, il a sauvé la vie de huit pugétois.
Cette journée ne se termina malheureusement pas là. Les Nazis dynamitèrent la ferme du Col de Saint Raphaël et fusillèrent Jean Bonnet, son propriétaire, ainsi que le jeune Félicien Charvin, résistant.
Les 60 jeunes hommes furent déportés en Allemagne, d’autres envoyés en camps de travail ou encore internés. Certains n’en revinrent pas, tels Joseph Richerme, Emile Halec, Cambrousse et Bébé Abraham.
Les frères Aimé et Roger Magnan, furent arrêtés dans les jours qui suivirent et exécutés le 11 juin 1944 à Saint Julien du Verdon.
Grace au courage de l’Adjudant-chef Remond nous pouvons aujourd’hui commémorer cet anniversaire, il a sauvé toute une population qui lui sera toujours reconnaissante.
« Vous avez le pouvoir de tuer, mais pas le droit » Lorsque la barbarie foule au pied les droits imprescriptibles, il est du devoir de chacun d’entre nous de se lever pour les défendre. Les droits de l’homme sont imprescriptibles, nous sommes les gardiens de ce trésor que nos ancêtres nous ont légué. »
Cette cérémonie s’est déroulée en présence de nombreux pugétois et familles venus rendre hommage à la bravoure de l’Adjudant-chef Remond.
Monsieur Joseph Olivier présent à l’époque des faits a également partagé ses souvenirs avec la population rassemblée devant la stèle de l’Adjudant Remond.